Du fait de leur ancrage dans le lieu où ils ont été érigés, les monuments architecturaux sont des témoins matériels irremplaçables de notre culture et de notre histoire. La conservation des valeurs qui leur sont attachées représente, depuis des générations, un enjeu de société – et fournit matière à de vastes débats quant à la manière dont cette conservation doit être assurée. Comme l’écrit Bernhard Furrer dans son essai introductif, nous avons toujours affaire, en fin de compte, à une appréciation de ce qui constitue « l’essence du monument, entre trace matérielle et valeur immatérielle ». Valeur, authenticité et intégrité de la substance historique sont les notions à l’aide desquelles on tente de mieux cerner les choses – la question de l’unité architecturale des monuments et des relations qu’ils entretiennent avec leur contexte prêtant aussi souvent à controverse. Sans parler du fait que chaque génération interprète à sa manière les témoignages que l’histoire lui a légués.
La présente édition d’Art + Architecture en Suisse a pour but de montrer comment la restauration des monuments historiques – et le dialogue qu’elle implique avec ceux-ci – ont été abordés dans la pratique au cours des dernières années, et comment cet exercice sur la corde raide – entre trace matérielle et valeur immatérielle – a été maîtrisé dans un certain nombre de cas concrets. Pour ce faire, nous avons interrogé différents acteurs – restaurateurs ou architectes – sur leur approche. Nous vous souhaitons de stimulantes réflexions sur les questions soulevées dans ce numéro de printemps.
Cordialemen
tMichael Leuenberger
Essay | Essai | Saggio
Bernhard Furrer
Das Denkmal zwischen materiellem Zeugnis und ideellem Wert
Was ist die Essenz des Baudenkmals?
Les monuments, entre trace matérielle et valeur immatérielle
Les monuments historiques ont toujours été considérés comme des témoins matériels du passé. Ils ne conservent cependant leur valeur de « documents » que s’ils sont le moins possible altérés au fil des générations. Il arrive toutefois aussi que les monuments soient perçus autrement, par exemple comme de simples images, comme les supports d’une aura particulière ou – comme c’est le cas depuis quelque temps – comme les objets d’un processus d’interprétation continu. Ces différentes manières de voir ont un point commun : toutes partent du principe que la substance d’un monument peut être adaptée aux représentations et exigences actuelles. Une telle attitude méconnaît toutefois le fait que les valeurs attribuées aux monuments changent en permanence. Or, pour que les générations futures puissent se poser leurs propres questions et développer leurs propres interprétations, il faut que l’authenticité et l’intégrité des monuments soient, autant que possible, préservées. La valeur immatérielle est indissociablement liée à la trace matérielle. Conserver les monuments, c’est se montrer responsable, et face aux témoins du passé, et face aux générations futures, qui voudront pouvoir interpréter à leur manière la substance historique.
Dossier 1
Isabel Haupt
Spektakel beim Tabernakel?
Neue liturgische Ausstattungen in historischen Kirchen
Nouveaux aménagements liturgiques dans les églises historiques
Avec la publication, en 1963, de la Constitution de la Sainte Liturgie, le IIe concile du Vatican a engagé une réforme de la messe catholique romaine. La transformation des lieux liturgiques des édifices historiques intéresse bien sûr aussi les milieux de la conservation du patrimoine. Des interventions contemporaines de qualité requièrent une réflexion approfondie sur les spécificités de l’église concernée. C’est ce qu’illustre de façon exemplaire le réaménagement des sanctuaires des cathédrales de Notre-Dame de l’Assomption à Coire et de Saint-Ours à Soleure. La première de ces transformations a été réalisée par Gioni Signorell dans le cadre de la restauration effectuée entre 2001 et 2007 ; la seconde, qui sera inaugurée le 30 septembre 2012, est le fruit de mandats d’étude remportés par Judith Albert, Gery Hofer, Ueli Brauen et Doris Wälchli.
Interview | Interview | Intervista
Léo Biétry
Notre-Dame de Lausanne – la dynamique d’une cathédrale de sable
Si elle n’a jamais eu de fabrique, Notre-Dame de Lausanne dispose depuis 1898, pour assurer la conservation de l’édifice, d’une Commission technique permanente, composée de représentants de l’Etat de Vaud, propriétaire du monument, ainsi que de différents experts1. Christophe Amsler assume depuis 1989, à titre de mandataire, la fonction d’architecte de la cathédrale.
Dossier 2
Roberta Grignolo
Restauro e riuso della Gemeinschaftshaus di Armin Meili a Baden (1951-54)
Cambiamenti «in continuità» con l’esistente
Restauration de la Gemeinschaftshaus à Baden
La Maison commune des travailleurs de l’entreprise Brown Boveri & Cie (BBC) à Baden (1951-1954) – la Gemeinschaftshaus – est considérée par la critique comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’architecte Armin Meili. Tombée en désuétude à la fin du siècle dernier, elle fut sauvée en 2003, à la suite du concours qui portait sur sa transformation en siège de l’école professionnelle de BBB (BerufsBildungBaden). Suivant les directives d’une commission d’experts de la sauvegarde du patrimoine du XXe siècle, les auteurs du projet, Burkard Meyer Architekten, ont élaboré une stratégie différenciée : d’une part, ils ont conservé les éléments clés du bâtiment d’origine – notamment la subtilité du dessin, l’utilisation de la polychromie, le caractère aéré et la fluidité spatiale qui ancrent cette architecture dans les années Cinquante – d’autre part, ils ont réalisé les changements nécessaires « en continuité » avec le bâti existant. Le résultat, fort convaincant, souligne le potentiel qu’offre ce type d’intervention, en même temps qu’il en illustre la conditio sine qua non : une profonde connaissance et une approche sensible de l’architecture des années Cinquante.
Interview | Interview | Intervista
Sabine Schlüter
Die Sicherung der Kuppelmosaiken in der Hagia Sophia in Istanbul
Ein Gespräch mit dem Schweizer Restaurator Matthias Mutter, der während zehn Jahren an einem internationalen Konservierungsprojekt mitgearbeitet hat.
Dossier 3
Christian de Reynier
Le destin monumental de la Regalissima Sedes de Neuchâtel
Eclairages sur une entreprise de restauration qui dure depuis 150 ans
Siège et symbole du pouvoir depuis le Moyen Age, cœur de la cité, du comté et du canton qui portent son nom, le château de Neuchâtel remplit toutes les conditions de sa "monumentalisation" dans la première moitié du XIXe siècle. La découverte de vestiges romans vers 1840, au moment de la publication d'un texte établissant les origines royales rodolphiennes de Neuchâtel, va conduire cette partie du château à bénéficier d'un traitement particulier. Les premiers efforts de restauration et de mise en valeur sont entrepris dès 1866. Les choix effectués à cette occasion sont à l'origine de la mise en exergue un peu artificielle de la partie romane du château, qui va conditionner les travaux de restauration conduits régulièrement depuis. La dernière intervention, effectuée en 2009, a ainsi permis une meilleure compréhension des vestiges médiévaux, mais aussi des choix "muséographiques" et techniques opérés par nos prédécesseurs depuis 150 ans. Si l'archéologue tend à séparer complètement ces deux aspects, il n'en va pas de même du restaurateur, qui ne peut que prendre en compte l'histoire monumentale récente de l'édifice.
Dossier 4
Jürg Schweizer
Schloss Büren an der Aare und seine «geschmacklosen» Fassadenmalereien
Bern als neues Rom – gemalt, gefeiert, verloren geglaubt und wiedergefunden
Berne, nouvelle Rome – peinte, célébrée, crue perdue et retrouvée
Le château le plus représentatif de la citéétat bernoise de la première moitié du XVIIe siècle est celui de Büren an der Aare, situé à l’ancienne frontière de l’Etat, sur une voie de communication importante. Son concepteur est Daniel Heintz le Jeune, le maître d’oeuvre de la collégiale. Une fois le château achevé, son neveu, l’architecte, peintre et cartographe Joseph Plepp, a peint l’entier de la façade principale et une partie de la façade latérale selon un même programme iconographique. Son décor en trompe-l’oeil transforme la façade pignon du gothique tardif en une façade de palais Renaissance, censée représenter les fécondes institutions bernoises. Les quatre éléments sont, quelle que soit la saison, propices à l’Etat bernois. Les garants de cette ère de prospérité sont Mars, personnifiant la victoire, et Pax, la déesse de la paix. Perchée sur le fronton, la chouette d’Athéna symbolise la sagesse et l’habileté. Berne prône la paix dans la force – ce qui se comprend lorsqu’on se souvient que la guerre de Trente Ans fait alors rage non loin de la Suisse. Sur la façade occidentale, Plepp a peint, sous un gigantesque arc de triomphe, le sacrifice de Marcus Curtius, symbole d’un dévouement absolu au bien commun. Références mythologiques et inscriptions célèbrent Berne en tant que nouvelle Rome – celle de la République. Les peintures, qui avaient été plusieurs fois recouvertes et s’étaient en partie écaillées aux XIXe et XXe siècles, ont été mises au jour et complétées par des peintures contemporaines.
KdS | MAHS | MASS
Paul Bissegger
Rolle et son district
Les monuments d’art et d’histoire du canton de Vaud VII
KdS | MAHS | MASS
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Interview KdS | Interview MAHS | Intervista MASS
Die Kunstdenkmäler der Schweiz – prominent
Antworten von Laura de Weck, Schauspielerin und Bühnenautorin.
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Infos der Direktion - Die GSK wird immer digitaler - Mit Theo in Bern – Streifzug eines Katers durch Bauten und Geschichten der Stadt
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Susan Marti
« Fragiles Gut – Konservierung höfischer Textilien (2012– )»
Konservieren unter den Augen des Publikums: ein neues Projekt des Bernischen Historischen Museums
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